« Opération campus » :
l'Université de Strasbourg est reçue !
Six sites universitaires viennent d'être retenus pour l'appel à projets « Opération campus » lancé par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche le 6 février dernier. Strasbourg fait partie des lauréats.
« L'Etat souhaitait améliorer la situation immobilière des universités françaises, indique Yves Larmet, vice-président chargé du patrimoine à l'université Louis-Pasteur et porteur du projet pour l'Université de Strasbourg. Les fonds apportés par la vente de 3 % des actions EDF ont été placés et les intérêts serviront à financer ce programme. » D'après le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche, l'opération campus vise « à rénover et à redynamiser les campus existants grâce à un investissement massif et ciblé, pour créer de véritables lieux de vie, fédérer les grands campus de demain et accroître leur visibilité internationale » car la politique immobilière est un des facteurs de « l'attractivité des universités envers les étudiants, les enseignants, et les chercheurs français et étrangers ». Seulement dix sites universitaires seront à terme concernés par ce programme, les quatre sites restant à sélectionner seront connus en juillet. Sur quels critères la sélection se fait-elle ? Les dossiers des universités candidates devaient être axés sur quatre thèmes traduisant les objectifs de l'opération campus : l'ambition pédagogique et scientifique du projet, l'urgence de la situation immobilière et la capacité à optimiser le patrimoine immobilier, le développement d'une vie de campus pour faciliter les rencontres et permettre à tous de réaliser des activités extra-universitaires, et le caractère structurant et innovant du projet pour le territoire. « Le projet devait aussi être basé sur un partenariat public-privé, précise Yves Larmet. Un financeur (une banque, une entreprise de BTP, etc.) s'engage à financer l'opération et la maintenance des différentes constructions réalisées et, en échange, l'Etat lui versera des loyers pendant 25 ans, puis remettra les bâtiments aux universités. » Il semble évident que le dossier présenté conjointement par les trois universités de Strasbourg a bénéficié d'un atout de poids : la processus de création de l'université unique actuellement en cours à Strasbourg. Une autre qualité est sans doute que le projet a été élaboré en partenariat avec la ville et la Communauté urbaine de Strasbourg (CUS), le conseil régional d'Alsace, le Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (CROUS), le CNRS et l'Inserm. « Cette réflexion globale sur le développement urbain de l'université, à laquelle a pris part l'ensemble des acteurs concernés, a fait naître un schéma directeur immobilier sur 20 ans, ajoute Yves Larmet. En tout, il n'y aura pas de m2 supplémentaires grâce à l'opération campus, mais d'importantes rénovations, qui peuvent inclure des démolitions et reconstructions, des innovations, le tout, dans une grande cohérence d'une université insérée dans le tissus urbain. » Cette réflexion a été soutenue par de nouveaux partenaires comme la Caisse des dépôts et consignations, et des entreprises privées (Electricité de Strasbourg).
Les 433 millions d'euros qui étaient demandés par Strasbourg serviront à financer 23 projets répartis en quatre axes d'intervention : augmentation du rayonnement de l'Université de Strasbourg en offrant un accueil de qualité et en améliorant les conditions de vie universitaire, mise à disposition des espaces nécessaires à l'ambition pédagogique et scientifique de l'Université, choix des éléments fondateurs de l'identité de l'Université de Strasbourg, et enfin, réponses aux impératifs de qualité de vie pour tous, de développement durable et de maîtrise des coûts de fonctionnement.
En ce qui concerne le premier axe, l'amélioration de l'accueil et des conditions de vie universitaire se matérialisera par la restructuration de l'Agora en une Maison de l'étudiant regroupant l'ensemble des services (transport, aides sociales, préfecture, CROUS) nécessaires à la vie quotidienne des étudiants ; par la création d'une maison de l'accueil international et d'un lieu d'hébergement pour les étudiants et les chercheurs à Cronenbourg ; par l'amélioration qualitative et quantitative des logements étudiant en particulier la rénovation et la mise aux normes des logements anciens ainsi que l'augmentation de la capacité de logement ; par la création de lieux de vie et d'échanges pour les étudiants sur les sites d'Illkirch et de l'hôpital civil ; et par l'ouverture d'un espace commercial à Illkirch.
Pour le deuxième axe, l'ambition pédagogique et scientifique de l'Université se traduira par la création d'une Maison des arts et des sciences qui regroupera au centre du campus un espace d'exposition pour l'accueil et la création d'expositions temporaires ouvertes à un large public, le Planétarium et un restaurant de qualité ; par le regroupement des diverses collections muséales de l'Université qui couvrent l'ethnologie, l'égyptologie, la botanique, la minéralogie, la zoologie, etc. ; par le regroupement d'écoles et de structures de recherche dans les domaines de l'eau et de l'environnement ; par la relocalisation de l'UFR des Arts dans un lieu unique ; par l'accueil sur le campus d'Illkirch d'une nouvelle école d'ingénieurs, l'Ecole nationale supérieure d'informatique pour l'industrie (ENSIIE), hébergeant à terme 400 élèves et formant 150 ingénieurs par an ; par la création d'un hall d'éco-technologie sur le site de Cronenbourg ; par le renforcement du partenariat avec le CNRS ; par la restructuration complète de la Faculté de médecine ; par la reconfiguration des locaux de chimie ; et par la mise à niveau du réseau Osiris et des centres de calcul.
Pour fonder l'identité de l'Université de Strasbourg, trois chantiers seront menés. Tout d'abord, la Présidence devra s'installer dans un bâtiment à forte identité, probablement un bâtiment historique qu'il faudra restructurer. Le Service universitaire d'action sociale (SUAS), destiné aux personnels de l'université et du CNRS, sera restructuré. Par ailleurs, l'accessibilité et l'aspect des espaces extérieurs seront améliorés par la création d'un « campus vert » : mise en place de dispositifs d'accès handicapés, rénovation des réseaux d'éclairage extérieur, qui sont également un facteur de sécurité (en collaboration avec Électricité de Strasbourg), amélioration de la signalétique, aménagements paysagers et requalification piétonnière de plusieurs zones.
Le quatrième axe doit répondre aux impératifs de qualité de vie pour tous, de développement durable et de maîtrise des coûts de fonctionnement. Une attention particulière sera portée sur l'impact positif que pourront avoir les investissements réalisés dans le cadre de l'opération campus sur les coûts d'exploitation de la future université. L'empreinte énergétique et environnementale des infrastructures sera un des critères de choix. Dans ce domaine, les opérations les plus urgentes concernent des bâtiments des années 1960 comme l'Institut de botanique, le bâtiment principal de la Faculté de droit et le Patio. Un plan de circulation piéton et cycliste sera mis en place avec la ville de Strasbourg. L'objectif est d'obtenir une circulation aisée par les moyens « doux » entre les différents sites universitaires, notamment en optimisant leur liaison par tramways et pistes cyclables. Enfin, l'UFR des Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) sera regroupée sur le site d'Illkirch. Les équipements sportifs créés à cette occasion, indispensables au développement de l'activité sportive des étudiants du site, seront ouverts aux habitants du quartier.
En fonction des montants qui seront réellement alloués par la lettre de cadrage du ministère, les projets seront affinés pour le dépôt d'un dossier complet à l'automne. La mise en place d'un groupe de travail est en cours, dans le même esprit de concertation que lors de l'écriture de la lettre d'intention.